Surexposition aux écrans: les conséquences sur les enfants
9 février 2020
Les enfants naissent désormais dans un environnement hyper-connecté. Ces nouvelles technologies peuvent être d’un apport pédagogique certain. Le fait est qu’une trop grande exposition aux écrans peut avoir des effets néfastes sur le développement des enfants.
Ce n’est pas Jessica, institutrice dans une école primaire du gouvernement, qui dira le contraire. «Avec la technologie, incluant tablettes, téléphones portables, ordinateurs et autres gadgets électroniques, les enfants ont plus de difficultés à rester concentré», constate-t-elle. «Les parents utilisent souvent ces appareils pour calmer leurs enfants. On leur donne le téléphone ou la tablette histoire d’avoir un peu de tranquillité. Mais à la longue, l’enfant ne peut plus interagir avec son environnement», soutient-elle.
Rose Malépa, institutrice dans une école primaire privée, n’est toutefois pas du même avis. Les enfants s’intéressent davantage aux classes et restent motivés avec l’aide des gadgets électroniques, affirme-t-elle. Le système éducatif a d’ailleurs été revisité pour répondre aux besoins de ces «digital natives», terme utilisé dans le National Curriculum Framework (NCF) pour qualifier ces jeunes apprenants. Des tablettes et des projecteurs sont désormais utilisés pour éveiller l’intérêt des jeunes élèves.
Dans l’établissement où enseigne Rose Malépa, les enfants ont accès aux tablettes deux fois par semaine, pour une durée d’une heure. «Les projections aident à introduire une leçon», explique Rose Malépa. On utilise des gadgets électroniques pour avoir leur attention.» Selon l’institutrice, ces technologies «ont des effets positifs sur l’apprentissage et permettent notamment aux enfants d’avoir une bonne prononciation et d’être attentifs en classe».
Addiction et troubles divers
Ces nouvelles technologies ne seraient donc pas intrinsèquement nuisibles. Le problème découlerait d’une utilisation excessive. Le Dr Radhika Beehuspoteea Jagatsingh, pédiatre, rappelle que des études ont démontré qu’une surexposition aux écrans a des effets visibles sur le cerveau de l’enfant. Cela donne lieu à des pathologies telles que l’insomnie, la convulsion et des troubles psychiques. De plus, un syndrome de manque s’installe quand le gadget leur est repris après une longue durée d’utilisation.
Le Dr Jagatsingh plaide pour qu’il y ait plus d’interaction et de dialogue entre le parent et l’enfant. Dès leur plus jeune âge, à un mois ou deux, les parents placent leur téléphone devant eux pour les calmer. La pédiatre demande aux parents de cesser cette habitude car cela devient addictif pour l’enfant à la longue. Selon la pédiatre, les écrans ont remplacé les jeux traditionnels. «L’enfant ne sait plus comment interagir avec les autres», déplore-t-elle.
La psychologue-neuropsychologue Céline Schobben abonde dans le même sens. Elle est catégorique : «Il faut à tout prix éviter de donner un portable ou une tablette à des enfants de moins de deux ans et éviter qu’ils soient exposés seuls à la télévision.» Céline Schobben affirme que l’’impact des écrans est plus néfaste quand l’enfant est petit.
Selon elle, les familles devraient privilégier autant que possible les jeux symboliques qui développent l’imagination des enfants, mais également les jeux de société et les sorties. «Des études démontrent que l’enfant se développe grâce aux interactions qu’il entretient avec son milieu. Devant un écran, l’enfant ne bouge pas. Il reste passif.» La psychologue-neuropsychologue prévient que cela peut engendrer un retard de langage ainsi que des troubles attentionnels et l’obésité, entre autres.
Risque accru de crises d’épilepsie
Youssouf Noormamode, le président et fondateur de Edycs Epilepsy Group, a constaté que de plus en plus de jeunes développent cette maladie neurologique. Il fait également le lien entre une trop grande exposition aux écrans et les troubles du sommeil et de l’alimentation. Des problèmes qui peuvent par la suite donner lieu à des crises d’épilepsie.
Suzette, une jeune maman, témoigne que son enfant de 5 ans a fait trois crises d’épilepsie. «Le médecin m’a expliqué que c’est en grande partie à cause d’une surexposition aux écrans», révèle-t-elle. Depuis l’âge de 6 mois, son enfant est constamment devant la télévision. Cela a eu un impact sur le développement de son cerveau. Il a maintenant des difficultés de prononciation. Il a été exposé aux émissions n’ayant aucune visée éducative, telles que «Lapin crétin». Quant aux parents, ils ont essayé de réduire le temps que l’enfant passe devant la télévision mais cela devient compliqué car l’habitude s’est installée.
Il est ainsi conseillé de ne pas laisser un enfant de moins deux ans devant un écran et de ne le laisser pas plus d’une heure lorsqu’il atteint les deux ans.
écrans | enfants | surexposition