Ramadan en confinement: autour du repas, un semblant de normalité
26 avril 2020
C’est un ramadan très particulier qu’entament depuis hier, samedi 25 avril, les Mauriciens de foi musulmane. Confinement oblige, ce mois de jeûne et de partage, le mois plus béni de l’Islam, ne pourra se faire comme à l’accoutumée. Mais s’il y a une chose qui ne change pas, ou peu, ce sont les mets autour desquels ils se retrouvent en famille. Des fidèles racontent.
Selon Khadijah, étudiante en droit, certains mets peuvent être préparés au préalable et conservés pendant 15 jours. D’autres doivent être cuisinés le même jour et seront par la suite consommés ou tout simplement congelés pendant deux à trois jours. Les gâteaux déjà confectionnés avant le ramadan sont samoussa (poulet et fromage), rouleaux de printemps (spring rolls), tikka, catless et pâtés. «Cela nous fait gagner beaucoup de temps et nous empêche de passer de longues heures en cuisine», explique-t-elle. Boulettes de thon, boules au fromage, chana puri, croquettes de poulet ou fromage, baja, gâteau de pomme de terre, gâteau de chou, gato brinjelle, baja pima cari et gato pima seront, eux, préparés en temps et lieu.
Repas équilibrés
La famille de Khadijah essaie de ne pas trop se charger l’estomac avec des gato delwil car elle consommera par la suite un repas équilibré. Les plats sont plus ou moins les mêmes qu’au quotidien. Au menu, rougaille, bouillon, daube, bred / légumes «touffé» et grains secs. Ne pas manger en journée n’augmente pas l’appétit en soirée, précise Khadijah. «On va déjà manger quelques gâteaux pour l’iftaar (rupture du jeûne) et normalement, après la prière de Maghrib, on va dîner.»
D’habitude, pendant le mois du ramadan, la rupture du jeûne est l’occasion de se retrouver en famille et des gâteaux sont aussi partagés avec les voisins. Mais cette année, ce sera impossible. Il faudra se limiter et respecter la distanciation sociale. Du coup, «on ne va pas préparer autant de gâteaux que d’habitude». Khadijah, qui est aussi pâtissière, ne prendra pas de commande pendant le ramadan. Pour faire plaisir à sa famille, elle confectionne massepains et muffins.
Chez Aamirah, ce sera farata, crêpes et pains au chocolat dans la matinée. On prépare aussi des gâteaux en avance. Pendant une semaine, chaque membre de sa famille sera aux fourneaux pour confectionner un type de gâteau particulier, comme le chana puri, swiss roll, bâtonnets de crabe, samoussa et money bags. Ils se limiteront aux gâteaux sucrés car ils prennent des boissons telles que jus de limon, alouda et sirop pour accompagner les repas.
Pénurie de dattes
Cette année, il y a une pénurie de dattes sur le marché, fait remarquer Aamirah. Durant le ramadan, les dattes occupent une place bien particulière pour les Mauriciens de foi musulmane. Traditionnellement, c’est une datte qui est le premier aliment dégusté au moment de rompre le jeûne, car c’est une datte qu’aurait consommée le prophète Mahomet en rompant lui-même cette période sans nourriture.
En raison du confinement, la cuisson du naan, qui est souvent servi avant ou à la fin du jeûne, sera limitée. Arshaad, cuisinier, consommera des faratas. Traditionnellement, pendant le ramadan, dit-il, une prière appelée Taraweeh se fait après le namaz Esha par les hommes à la mosquée ; cette année, toutes les prières se feront à la maison.
Des mosquées ont, elles, l’habitude de servir des repas de rupture du jeûne (iftar) aux plus défavorisés. Cette année, en raison du confinement, les repas leur seront livrés à leur domicile. De plus, l’ONG WI.Hudaibiyyah, située à Vallée Pitot, distribuera des repas toutes les semaines, tels que briani, kalia poulet, daube de poulet et viande. Depuis le couvre-feu, ils ont préparé des «food packs» ainsi que des repas chauds qu’ils partagent à ceux dans le besoin.