Ces collèges payants qui donnent peu de résultats…
8 février 2020
Ces dernières semaines, les collèges privés payant ont vu leur notoriété augmenter. La raison ? Leur choix d’accueillir en Grade 11 des élèves n’ayant pas obtenu cinq crédits. Ces collèges ne bénéficiant pas de l’aide financière de l’État ne sont pas tenus de respecter la règle des cinq credits et représentent une échappatoire pour certains. Sauf que le taux de réussite de certains de ces collèges pour le Higher School Certificate (HSC) fait douter de l’utilité d’une telle option.
« Peu importe tes résultats de form 5, nous t’accueillons en Lower 6 si tu es motivé. » Un exemple des nombreux messages que lancent les écoles payantes sur les réseaux sociaux. Les commentaires sur ces postes dépassent la centaine. Pour mieux comprendre la situation, nous nous sommes tournés vers les parents. Meredith Milazar, dont le fils n’a pas obtenu le nombre de crédits requis, a opté pour un collège payant : « Je n’ai qu’un enfant et je ferai de mon mieux pour qu’il réussisse. Mon fils aspire à devenir architecte. C’est pour cette raison que j’ai pris l’initiative de le mettre dans une école privée. Je veux qu’il réalise son rêve. » Pourtant, Meredith n’a pas beaucoup de moyens. Elle révèle qu’elle a pris un deuxième travail pour pouvoir financer les études de son fils.
Une affaire de moyens…
Tout comme Meredith, Samuel Prosper a un enfant dont les résultats ne lui permettent pas d’intégrer une classe de Grade 11. Mais la différence est que la fille de Samuel devra mettre fin à sa scolarité. « Ma fille veut intégrer une école de coiffure qui me coûte les yeux de la tête. Je n’ai pas les moyens de lui offrir cela, car j’ai deux autres enfants. Elle devra trouver un emploi et financer elle-même ses cours », témoigne ce père de famille.
Mais est-ce que ces écoles ont le droit d’opérer comme bon leur semble ? Sollicité au téléphone, le directeur de City College, Rashidally Soobadar, avance que son établissement ainsi que tous les autres écoles payantes travaillent dans la légalité : « Nous vivons dans un pays démocratique, le gouvernement n’a pas le droit de nous interdire d’implanter ce système dans nos écoles. Il ne faut pas s’arrêter à l’emploi dans le secteur public ; il faut aussi prendre en considération les élèves qui ont l’intention de travailler dans le privé. À City College, nous offrons l’opportunité aux enfants d’intégrer les classes de Lower 6 et de prendre part une nouvelle fois aux examens de la SC pour tenter d’obtenir les 5 crédits demandés ».
« C’est une commercialisation outrancière de l’éducation qui a créé la médiocrité. »

Le taux de réussite des collèges privés aux examens du HSC.
Les résultats racontent une autre histoire : seulement un tiers des 45 candidats de City College ont réussi (voir tableau). Kadress Pillay, ancien ministre de l’éducation, avance que le problème de l’éducation se trouve dans le système lui-même. « Je ne remets pas en question la décision de la ministre de l’éducation. Cependant, vu le taux de réussite, il faut se poser les bonnes questions pour obtenir les bonnes solutions. Il faut aller à la source du problème, travailler avec les enfants, voir leurs faiblesses, connaître leur milieu familial et aussi prendre en considération que nous avons beaucoup de ‘late learner’ », fait-il ressortir. Il dira aussi que certaines personnes pensent qu’ils peuvent établir un collège privé simplement pour se faire de l’argent. Sur la mauvaise performance de ces collèges payants, il dira que « c’est une commercialisation outrancière de l’éducation qui a créé la médiocrité ».
Il fait également remarquer que ces établissements ne proposent pas de formule à part entière pour se démarquer des collèges d’état ou privés sous l’égide du gouvernement. « Quand ces adolescents n’obtiennent pas une place dans un collège d’état ou privé, les parents se tournent vers ces établissements payants pour que leur enfants continuent leurs études alors que ces derniers n’ont pas de réelle ambition académique, soutient-il, la situation est compliquée. Il y a une discrimination scolaire dans notre système. »
Une baisse générale des performances au HSC
Les chiffres le montrent, au fil des années, on enregistre une baisse générale dans le taux de réussite. Dix ans de cela, 78,71 % des candidats brillaient à leurs examens alors qu’en 2020, ce chiffre est descendu à 74,95 %. Comme le souligne Kadress Pillay, « les grands perdants sont ceux qui ont l’ambition de réussir, mais que le système actuel expulse ».
Collèges payants | HSC | taux de réussite