Global Business: la liste grise de l’Europe fait ses premiers dégâts
21 mai 2020

La Reserve Bank of India a rejeté 12 demandes de licence en provenance de Maurice.
Le Global Business commence à ressentir les premiers effets de l’inclusion de Maurice sur la liste des pays à risques élevés concernant le blanchiment d’argent et le financement d’activités terroristes par la Commission européenne, le jeudi 7 mai dernier. Le quotidien indien, Business Standard, a publié un article mercredi 20 mai, indiquant que la Reserve Bank of India (RBI) a rejeté 12 demandes de licence en provenance de Maurice. Les autorités mauriciennes ont déjà pris contact pour tenter de décanter la situation, mais la méfiance s’est installée à plusieurs niveaux.
Mahesh Doorgakant, président de l’Association of Trust and Management Companies (ATMC), explique que depuis l’inclusion de Maurice sur cette liste, les choses se sont compliquées auprès de certains clients notamment. «Il y a des investisseurs et d’autres parties concernées qui passent plus de temps sur leur due diligence sur notre juridiction. Notre ‘risk rating’ peut changer aux yeux de certains.» Cela, dit-il, même si le Financial Action Task Force (FATF), à l’origine de l’inclusion de Maurice sur cette liste, a aussi précisé que cela ne voulait pas dire qu’il fallait nécessairement faire plus de due diligence sur la juridiction mauricienne.
«Sortir de cette liste le plus vite possible»
Concernant l’article de Business Standard, Mahesh Doorgakant fait ressortir également que les autorités mauriciennes ont fait le nécessaire pour clarifier la situation auprès de l’Inde. «Nous avons parlé à la Financial Services Commission et au ministère et ils nous ont assurés qu’ils ont contacté le RBI pour savoir quel était le souci.» D’autant que Maurice est une juridiction bien notée par le Stock and Exchange Board of India (SEBI), homologue indien de la FSC. Depuis avril dernier, des entités basées à Maurice peuvent effectivement bénéficier d’un statut préférentiel auprès du SEBI. Il s’agit désormais d’attendre les explications du RBI.
Du côté de la liste grise de l’UE, il n’est pas question d’attendre néanmoins, selon le président de l’ATMC. «Tout est en train d’être fait pour nous sortir de cette liste le plus vite possible.» C’est le 1e octobre que la liste des pays à risque de l’UE sera normalement finalisée via le Conseil des ministres européen. D’ici là, les acteurs du Global Business ainsi que les autorités mauriciennes espèrent être en mesure de soumettre un rapport convaincant sur les mesures prises pour sécuriser la juridiction.
«Depuis, beaucoup a été fait»
La Covid-19 a aussi joué un rôle dans la situation, poursuit Mahesh Doorgakant. «Nous avons soumis un rapport au FATF depuis mars, mais il n’y a pas eu de réunion de cet organisme depuis, à cause de la pandémie.» Ce document expliquait les mesures prises depuis la publication du rapport négatif de l’ESAAMLG (Eastern and Southern Africa Anti-Money Laundering Group) en septembre 2019. C’est ce Mutual Evaluation Report qui est la mère de tous les maux actuels de l’offshore mauricien.
«Depuis, beaucoup a été fait», assure Mahesh Doogakant. L’objectif est désormais de le démontrer au FATF pour la prochaine réunion prévue en septembre prochain.
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